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Culture

Le cinéma français est-il à bout de souffle?

By Adrienne Benassy
20/05/2013

Parmi les vingt films en compétition pour la Palme d’Or à Cannes, six sont français, un chiffre exceptionnel, signe d’une vitalité du cinéma tricolore à l’heure où il est attaqué de toutes parts. Exil de notre star nationale, Gérard Depardieu, salaires stratosphériques des acteurs, système de subvention sclérosé, essoufflement de la créativité, sont autant de critiques qui laissent entendre que le cinéma français n’est pourtant pas en bonne forme. Que croire : La sélection cannoise ou les cris de l’industrie cinématographique ? L’exception française est-elle en perte de vitesse ?

Une sélection cannoise prometteuse pour le cinéma français

Steven Spielberg, président du jury, n’y pourra rien changé, le Festival de Cannes reste le cheval de bataille des français. Six films sur vingt, soit environ un film sur trois concourra au nom du drapeau tricolore pour la Palme d’Or. François Ozon présentera son subversif Jeune et Jolie tandis que le surprenant Abdellatif Kechiche se plait à mettre en scène Léa Seydoux en lesbienne dans La Vie d’Adèle. De son côté, Roman Polanski, réalisateur polonais et grand francophile, projette Venus in furs, un film inspiré du livre éponyme à l’origine du sadomasochisme (écrit par Sacher-Masoch. Trois films sulfureux qui ne seront pas sans accentuer l’image pour le moins épicurienne de la France.  Mais la liberté sexuelle n’est pas notre seul et éternel motto. Valeria Bruni Tedeschi nous conte son histoire familiale dans Un château en Italie en espérant qu’elle y révèlera des détails croustillants sur sa sœur, l’ex-première dame, Carla Bruni. Arnaud Desplechin revient derrière les caméras après quatre ans d’absence et met en scène son acteur fétiche, Matthieu Almaric dans Jimmy Picard.  Et pour finir, François Arnaud des Pallières nous plonge dans la France du Moyen âge avec Michael Kohlhaas. À en croire cette sélection, aussi diversifiée que stimulante, le cinéma français n’a pas à pâlir devant les Américains, eux aussi très présents sur la croisette, sous l’influence de Steven Spielberg à la tête du jury. Pourtant, au-delà du tapis rouge, les avis divergent.

Une critique virulente de Vincent Maraval

Gérard Depardieu
Gérard Depardieu

L’exil de notre icône nationale, Gérard Depardieu, parti défendre les bienfaits de la dite démocratie russe pour fuir le fisc français, s’est annoncé comme le premier chapitre des perturbations du long fleuve tranquille sur lequel voguait le cinéma français. Peu après les frasques de notre Cyrano de Bergerac, le distributeur de Wild Bunch, Vincent Maraval, s’en est violement pris, dans une tribune publiée dans le journal Le Monde (28/12/2012), aux salaires stratosphériques des acteurs financés par un système de subvention déficitaire et assis sur l’argent des contribuables.

Une culture anti-rentabilité

« ‘Rentabilité’ des films : le mot est lâché » titrait Le Monde peu après la polémique, comme s’il s’agissait d’un tabou. Dans un pays où le cinéma est considéré comme un art à la même auteur que la littérature ou la peinture depuis la Nouvelle Vague, le soucis de l’argent est souvent perçu comme une considération vulgaire, allant à l’encontre du processus créatif. Résultât : quarante ans après l’euphorie artistique lancée par la bande des Cahiers du cinéma (Jean-Luc Godard, Éric Rohmer, François Truffaut, Claude Chabrol), l’industrie s’embourbe dans une logique déficitaire.

Une industrie déficitaire

Astérix and Obélix: Au Service de sa Majestée
Astérix and Obélix: Au Service de sa Majestée

En 2012, pas une production mentionnée dans le magazine professionnel Le Film Français, n’a réussi à amortir son budget avec la seule exploitation en salle.  Le grand gagnant, Le Prénom, comédie menée par Patrick Bruel, s’en sort avec un taux de rentabilité de 93,57%. Deux autres comédies se partagent le podium : De l’autre côté du périph (86,39%) avec Omar Sy et Laurent Lafitte, et Les Kaïra (78,67%). Outre la tête du peloton, La Vérité si je mens ! III gaspille plus de 44% de son budget avec un taux de rentabilité à 55,91%, s’ensuit Sur la piste du Marsupilami (40,99%), Les Seigneurs (40,24%), Stars 80 (28,35%) et Cloclo (27,95%), un bilan plutôt médiocre. Mais la grande surprise de ce palmarès, le dernier épisode de la trilogie inspirée de la bande-dessinée de René Goscinny, Astérix et Obélix : au service de sa majesté, qui n’atteint que 19,28%. Difficile en effet d’amortir un budget de 61,24 millions d’euros… Avec 86% des films français rentables en 2012, le box-office tricolore fait pâle figure, pourtant il semblerait que les acteurs n’en paient pas les frais.

Des acteurs aux salaires mirobolants

Danny Boon
Danny Boon

De Danny Boon à Omar Sy en passant par Christian Clavier, les comédiens français reçoivent des cachets mirobolants malgré la crise qui traverse leur industrie. Au sommet du palmarès des acteurs les mieux payés publié en 2011 par le journal Le Figaro, Danny Boon est largement en tête de peloton avec un salaire annuel de 7,5 millions d’euros. Cette somme est notamment due à sa participation en tant qu’auteur, réalisateur, coproducteur et acteur principal dans le film Rien à Déclarer. En deuxième position on retrouve François Cluzet (3,14 millions d’euros) et Vincent Cassel (2,51 millions d’euros).

Le palmarès du journal Le Figaro des 20 acteurs les mieux payés en France (2011) :

  1. Danny Boon : 7,5 millions d’euros
  2. François Cluzet : 3,14 millions d’euros
  3. Vincent Cassel : 2,51 millions d’euros
  4. Benoît Poelvoorde : 2,375 millions d’euros
  5. Omar Sy : 2,29 millions d’euros
  6. Kad Merad : 1,850 million d’euros
  7. Daniel Auteuil : 1, 323 million d’euros
  8. Frank Dubosc : 1,2 million d’euros
  9. Vincent Lindon : 1,021 million d’euros
  10. Jamel Debbouze : 1 million d’euros
  11. Fabrice Lucchini : 967.000 d’euros
  12. Guillaume Canet : 908.000 d’euros
  13. Christian Clavier : 880.000 d’euros
  14. Tomer Sisley : 790.000 d’euros
  15. Gilles Lellouche : 760.000 d’euros
  16. Michel Blanc : 675.00 d’euros
  17. José Garcia : 670.000 d’euros
  18. Clovis Cornillac : 620.000 d’euros
  19. François Xavier Demaison : 600.000 d’euros
  20. Eric et Ramzy : 380.000 d’euros.

Le palmarès du journal Le Figaro des 20 actrices les mieux payés en France (2011) :

  1. Valérie Lemercier: 1,08 million d'euros
  2. Mélanie Laurent: 1,005 million d'euros
  3.  Florence Foresti: 1 million d'euros
  4.  Karin Viard: 830.000 euros
  5.  Isabelle Huppert: 829.000 euros
  6. Audrey Tautou: 768.410 euros
  7. Cécile de France: 670.000 euros
  8. Sandrine Kiberlain: 651.300 euros
  9. Marion Cotillard: 615.000 euros
  10. Catherine Deneuve: 600.000 euros
  11.  Diane Kruger: 300.000 euros minimum
  12.  Mathilde Seigner: 300.000 euros
  13.  Catherine Frot: 400.000 euros
  14.  Kristin Scott Thomas: 342.000 euros
  15.  Laetitia Casta: 270.000 euros
  16. Bérénice Bejo: 250.000 euros
  17.  Alice Taglioni: 200.000 euros
  18. Sabine Azema: 180.000 euros
  19.  Maiwenn: 170.000 euros minimum
  20. Valérie Donzelli: 115.000 euros

Les acteurs ne vivent pas de nos impôts

Au lendemain du scandale, Danny Boon s’est insurgé contre le distributeur de Wild Bunch en affirmant qu’il coûte moins d’argent au cinéma qu’il ne lui en rapporte, ces deux derniers films s’étant traduits par un gain de 15 millions d’euros pour le Centre national du cinéma (CNC). Au delà de ces batailles personnelles, Robert Guédiguian, le réalisateur deLes Neiges du Kilimanjaro, a mis en avant la nécessité de dissocier le star système et lr système de subvention : « Lors qu’on dit que les acteurs sont riches de l’argent public, c’est faux et ça alimente les fantasmes sur un milieu de privilégiés, assis sur les impôts des gens. Il faut rappeler le génie du système vertueux français, qui repose sur l’autofinancement et le fond de soutien du CNC ». Pourtant, ce « système de génie » ne semble même plus répondre à son objectif de stimulation de l’exception culturelle française.

« Le cinéma français n’est pas très excitant » Matthieu Kassovitz

Matthieu Kassovitz
Matthieu Kassovitz

A l’origine, les subventions publiques devaient permettre aux petits films d’art et d’essai d’exister, mais aujourd’hui, la créativité du cinéma français semble à bout de souffle. Matthieu Kassovitz confessait dans un entretien au Guardian (18/04/2013), qu’il ne se sentait plus stimulé par ses réalisateurs compatriotes, que « le cinéma français n’est pas très excitant ». Pour le célèbre réalisateur de La Haine, la France serait devenu un pays « d’engourdis « . Le cinéma d’art et d’essai serait mort au profit de films moyens qui ne lui mettent jamais « de baffes dans la gueule  », alors que l’audace, la témérité, l’originalité, la surprise ou même le choc sont les ingrédients essentiels d’un bon film. Entre cinéma d’art et d’essai déficitaire et cinéma moyen qui ne parvient pas à trouver une audience internationale, le cinéma français semble perdre son identité, ce notamment à cause d’un système de subvention mal-employé, minimisant la prise de risque.

Michel Hazanavicius, qui serait pourtant des plus enclin à positiver à la vue du succès international de The Artist, s’inquiète de la crise qui attend le septième art tricolore. Selon lui, tous les acteurs du système de financement des films préfèrent maximiser leurs profits « en amont de la sortie », notamment avec la pratique « de gonfler les devis pour récupérer le maximum d’argent pendant le financement, d’autre part de dépenser le minimum de cet argent pendant la fabrication  entraînant ainsi le sous paiement des techniciens, la délocalisation, la fabrication au rabais, et enfin de produire un maximum de films, quelle que soit la qualité des scénarios en cours… La qualité des films en fait souvent les frais. » Cette faible attention prêtée à la qualité d’un scénario s’explique par la minimisation des risques que prennent les producteurs. La majorité des films sont  financé en amont sans devoir prendre en compte les recettes estimées de l’exploitation. Mais cette crise n’est pas le seul fait d’un système de financement mal employé, elle découle d’une crise plus globale, qui touche le pays de plein fouet. Pourtant rien ne sert de désespérer, des crises naissent toujours un relent de créativité. Espérons que le cru Cannes 2013, redonnera un peu de vigueur à cette exception française agonisante. 

COMMENTAIRES:

27/11/2013 - writers_reign a dit :

Matthieu Kassowitz says he is no longer shocked or surprised by French films but WHY should any National cinema shock or surprise first and foremost? Surely the principal aim of film has always been first and foremost to ENTERTAIN and personally, as someone born, raised, and who has lived all my life in England I find French cinema, overall, the finest in the world. France continues to turn out films that are character-led, script-led rather than cgi-led. Even as I write the first two remakes of the great Pagnol trilogy, Marius and Fanny are in the salles with the third, Cesar, due to open in December. I have no doubt that director-actor Daniel Auteuil - who has already directed and starred in Pagnol's The Well-Digger's Daughter - will be citicized for offering the public 'old-fashioned' fare, by which the critcs mean ENTERTAINMENT. All five films written (with son Christopher) and directed by Danielle Thompson in this century have been vastly entertaining, the French Billy Wilder, writer-director Francis Veber seldom fails to Entertain as do other fine writer-directors like Tonie Marshall, Valerie Lemercier, Nicole Garcia, Agnes Jaoui, the late Alain Corneau, to name only a handful. This is not to say that there is no place for films that shock and surprise, of course there is and long may there be but let us not lose sight of cinema's original brief: Entertain.

22/05/2013 - arnottdavies a dit :

A interesting piece. On section demonstrates someone's complete misunderstanding of film economics. If a film DOES make its production costs through box office sales it has done amazingly well. So much comes through DVD sales and TV rights plus of course any decent accountant can prove that there are NO PROFITS AT ALL hence NO TAX!

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