MAGAZINE

Device converter



Weather

 

Annonces

Déposez une annonce sur ce site

Ajoutés récemment

articles > Culture events

Guillaume Gallienne
Culture

Sur le divan avec Guillaume Gallienne - Les Garçons et Guillaume, à table !

By Marie Decreme
16/12/2014

« Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant : "Je t’embrasse ma chérie" ; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus. »

Guillaume Gallienne a touché juste et large avec Les Garçons et Guillaume, à table ! Dans ce film autobiographique, il raconte l’histoire d’un jeune homme questionnant sa propre sexualité, qui se persuade d’être une fille, et que son entourage croit homosexuel. Adapté de sa propre pièce dans laquelle il interprétait tous les rôles, le film est un triomphe en salle et rafle cinq récompenses aux Césars (dont le prix du meilleur film et du meilleur acteur). « S’il y en a un qui a le droit et le devoir de remercier sa mère, là pour le coup, c’est moi. Merci Maman » ; Pour Guillaume Gallienne, ce long-métrage est une déclaration aux femmes en général et à sa mère en particulier, dont il incarne lui-même le personnage à l’écran. Cette composition, sidérante, est une des attractions du film.

Plus d’un an après sa sortie en France, Les Garçons et Guillaume, à table ! devient Me, Myself and Mum au Royaume-Uni. « Enfin ! » Guillaume Gallienne s’est dit « très heureux qu’il sorte en Angleterre ». Quelques minutes avant la première de son film à Londres, nous l’avons rencontré, et non sans cacher le plaisir qu’il prend à en parler, l’acteur-réalisateur-scénariste nous a raconté l’aventure des Garçons et Guillaume, à table ! ...sur le divan.

D’où vous est venue l’idée d’écrire Les Garçons et Guillaume, à table ! ?

Ca m’est venu chez un psy en fait, chez mon psy de l’époque. Je me suis souvenu de cette phrase que ma mère disait : « Les garçons et Guillaume, à table ! ». Et là, tout d’un coup, j’ai compris. Les anecdotes un peu dingues que je racontais dans les dîners pour faire marrer mes potes n’étaient plus de simples histoires isolées. Tout d’un coup, je me suis rendu compte que cette phrase était le fil conducteur d’un puzzle qui avait créé l’image d’un jeune homme trop passif, dont on avait étiqueté la sexualité avant qu’il n’ait eu le temps de la découvrir. Et en même temps, ce puzzle racontait la naissance d’un acteur.                                                      

Vous avez donc rassemblé toutes les pièces de ce puzzle...

Oui, j’ai écrit, assez légèrement. Au départ, je me souviens, j’ai lu un premier jet d’une scène à ma belle mère et à l’une de ses amies. Elles ont toutes les deux fait « pfiou ! », comme un soupir. Cette réaction m’a immédiatement permis de cerner l’écueil dans lequel il ne fallait pas tomber ; il fallait éviter tout ce qui pouvait s’apparenter à de près ou de loin à un règlement de comptes ou à une plainte. J’ai tout foutu à la poubelle, et j’ai réécrit mon histoire dans la même humeur que celle avec laquelle je racontais mes anecdotes dans les dîners.

A l’origine, vous avez écrit Les Garçons et Guillaume, à table ! comme une pièce de théâtre ou comme un film ?

Au départ, je voulais en faire un film. Mais je savais que je n’avais pas les moyens... Je n’avais pas le budget nécessaire pour faire ce film sur la grande bourgeoisie.

Guillaume Gallienne et Eleonore de Mailly Nesle (FranceInLondon)

Donc vous avez raconté cette histoire sur scène...

Oui, c’est Olivier Meyer, directeur du Théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne, qui est venu vers moi, me donnant « carte blanche » dans son théâtre. A l’époque, je me suis dit, « oui, enfin, si c’est pour lire du Proust sur scène avec une harpiste derrière moi, non merci... » (rires). Mais il a insisté ; « vous faites ce que vous voulez : carte blanche à Guillaume Gallienne ». Et grâce à cet intitulé là, j’ai eu l’audace qu’il fallait : passons par le théâtre avec cette histoire là. Carte blanche à Guillaume Gallienne ? Ben voilà, Guillaume Gallienne, c’est ça. Soyons honnêtes, allons au bout de l’intitulé. J’ai raconté mon histoire à Olivier Meyer, et j’étais parti pour douze dates.

Votre pièce a immédiatement fait le buzz...

En douze fois, il y a en effet eu un buzz dingue. Je suis parti en tournée pour je ne sais plus combien de dates, puis la pièce a été prise au théâtre de l’Athénée, puis il y a eu les Molières... Entre temps, Christelle Graillot de Canal+ m’avait appelé, et voilà que je débarquais avec mon idée des bonus à la télévision. Tout est monté en même temps en fait. Je me souviens, quand je jouais à l’Athénée, j’avais tous les soirs un producteur de cinéma qui venait toquer à la porte de ma loge. Et voilà, c’est comme ça que j’ai pu faire le film.

Dans votre pièce, vous incarnez tous les personnages de Les Garçons et Guillaume, à table ! Pour le film, ça n’a pas été trop dur de « prêter » des rôles à d’autres ?

Oh non, c’est l’inverse, j’avais hâte de distribuer les rôles ! Le problème de jouer tous les personnages, c’est que cela m’empêchait deux choses que je trouvais fondamentales pour le récit. D’abord, cela m’empêchait de les « défendre », je n’avais pas le temps. Je devais enquiller ces cinquante-deux personnages, je ne pouvais pas vraiment « creuser » chacun d’entre eux. Alors que c’est très important, pour apprendre à ne pas les juger notamment, et ne pas basculer dans le règlement de comptes. Et puis, parce que je jouais tout le monde, j’avais très peu de temps pour raconter la passivité de Guillaume, l’une des clés de l’histoire.

On imagine qu’ayant déjà joué les personnages, vous deviez avoir une idée très précise de ce que vous attendiez des acteurs. Avez-vous été un réalisateur exigeant ?

Exigeant, je le suis toujours, que ce soit en tant qu’acteur ou réalisateur. Après, j’ai essayé de ne pas tomber dans un défaut qu’est la précision : je n’aime pas quand les choses sont trop précises. Bien préparées, bien pensées, oui, mais pas forcément trop précises. Etonnamment, moi qui suis très colérique, je ne me suis énervé qu’une fois en deux mois de tournage. Bien sûr, ce n’était pas sur un acteur, c’était sur un truc qui ne marchait pas, et on était très tributaire du temps...

Où est-ce que vous prenez le plus de plaisir : sur scène ? Devant la caméra ? Derrière la caméra ?

Présentation du film

J’ai préféré faire le film. Dans la pièce de théâtre, il y a des moments où j’entendais des rires dans la salle et j’avais envie de dire « s’ils savaient par quoi je passe... » En même temps, je n’avais pas forcément envie de me plaindre, mais je voulais trouver une juste mesure. Dans le public, des gens sentaient cette juste mesure, mais parfois trop... Le spectateur trouvait la pièce trop proche de son histoire à lui, à elle. J’ai eu de tout comme témoignages !

C’est certainement ce qui a fait la richesse de l’accueil du film...

Oui, j’ai eu tout plein de pistes très différentes. Certains ont vu une réflexion sur l’identité sexuelle, d’autres au contraire ont vu un vrai film sur la famille, ou encore une espèce de Bob l’éponge... La presse a essayé à un moment de stigmatiser le film, mais n’a pas réussi. C’est vraiment parti dans toutes les directions : une comédie limite sociale, un film sur le courage, un truc sur le rapport mère-fils...

On adore le personnage de votre mère dans le film, sidérant, omniprésent... Est-ce qu’elle vous ressemble autant dans la vraie vie ?

Physiquement, pas du tout ! Ah non, elle est très belle. En revanche la voix, c’est à s’y méprendre. Même moi je me suis fait avoir, en jouant : sur le tournage, je faisais ma mère le matin, et Guillaume l’après-midi. On passait, pour garder le rythme de la scène, ce que j’avais fait le matin, en mère, dans les haut-parleurs. Et il y a trois-quatre fois où j’ai vraiment eu l’impression de l’entendre. Je l’avais fait le matin même, je savais bien que c’était moi... Mais c’était hallucinant.

C’était un exercice difficile, de changer sa voix ?

Oh pas du tout, je l’ai répété pendant quinze ans, j’adore !

Récemment, c’est au petit ours Paddington que vous avez prêté votre voix, dans le film du même nom. C’était comment comme expérience ?

Ah, c’était génial. J’adore le film, je le trouve formidable. Extrêmement bien joué, un casting dément, il est poétique, touchant, magnifique. Vraiment, c’est un film familial, pour toutes les générations.

Aujourd’hui, vous devez être très courtisé, au cinéma, au théâtre... A quoi dites-vous oui, à quoi dites-vous non, comment choisissez vous vos rôles ?

Je ne choisi pas que le rôle en fait, je choisi des projets. D’abord, il y a le sujet, le thème, puis ensuite je regarde le réalisateur, et après, vient le rôle. Mais malheureusement, l’emploi du temps compte beaucoup aussi... Entre la Comédie Française, le cinéma, ça s’accumule. Aujourd’hui, la priorité va à la Comédie Française, et j’ai la chance d’être à un stade où je peux faire repousser un projet de cinéma. C’est assez génial de pouvoir dire « si vous m’attendez, je pourrais », mais ce n’est pas toujours le cas.

Les choix ne doivent pas toujours être faciles...

Non, c’est vrai, mais on reconnaît un artiste par ses choix. C'est une question de rencontre en fait. Des rencontres humaines, avec un réalisateur par exemple, mais aussi des rencontres avec des rôles. Il y a quelques années, je n'aurais peut-être pas voulu de ce rôle, ou au contraire, je l’aurais joué mais plus maintenant... Pour autant, cela ne veut pas dire que je refuse ce que je sais faire ! J’aime bien aussi arriver sur un rôle en le « connaissant ».

Est-ce que vous aimez les rôles « challenges » ?

Je n’y pense pas comme ça en fait. Je n’aime pas ce côté «  je me fais acteur studio - je vais vous prouver blablabla ». Ni le côté jouer « Phèdre et mourir », non, ce n’est pas du tout mon truc. C’est beaucoup plus une histoire de correspondance, presque de compassion avec un personnage. S’il me touche, j’ai envie de le défendre, j’ai envie de cohabiter avec pendant un petit peu de temps. Parce que je sais que ça va être du temps : je commence à avoir le trac dès que je dis oui pour un rôle !

Vous avez encore beaucoup le trac aujourd’hui ? Avec toute cette expérience ?

Ah mais c’est de pire en pire ! Avant, j’avais le trac pour la première ; après c’était au moment des répétitions ; maintenant, j’ai le trac quand je dis oui. Je me dis : « Dans quoi je me lance », « je ne vais jamais y arriver », « comment incarner ça, c’est bien trop complexe... » Je plonge tout mon imaginaire dans le personnage.

Et malgré le fait que vous vous imprégniez de ce personnage, vous arrivez à vivre « normalement », en famille, avec vos amis ?

Oui, plus ou moins, j’arrive à cloisonner. Par moment je me réveille la nuit pour « décharger » des choses que j’ai mises de côté au moment où je suis rentré de ma journée de tournage, de répétition. Je joue avec mon fils, je suis avec ma femme, je cloisonne, et puis c’est la nuit que je me réveille, que ça me rattrape. Mais alors là, je pense que c’est pareil pour tous les acteurs.

L'ambassadeur Sylvie Bermann et Guillaume Gallienne

Vous avez un anglais quasiment parfait, est-ce qu’on vous retrouvera éventuellement dans un rôle en anglais, comme vous l’aviez fait dans Marie-Antoinette ?

Pour le moment, c’est compliqué, je n’ai pas le temps... Le jour où je quitterai le « Français » [la Comédie Française], oui, volontiers, je viendrai. Là on me propose de réaliser un film en anglais, mais je repousse : je refuse de réaliser un truc de commande tant que je n’ai pas réalisé mon deuxième film.

Vous êtes en train de réaliser un second film ?

Je suis en train de l’écrire, et je devrais le tourner à l’automne 2016, pour qu’il sorte en 2017. Je n’ai pas le temps avant, malheureusement, et puis je veux vraiment bien le préparer. Et après cela, eventually, on verra pour l’anglais !

Avez-vous gardé des contacts avec l’Angleterre ? Est-ce que vous vous verriez vivre ici ?

Bien sûr ! Je suis toujours en contact avec Jérémy. Le Jérémy du film, mon meilleur ami. Pour ce qui est de s’installer ici, c’est non... Je suis au Français moi, je suis à la Comédie Française ! Quand même, si je venais en Angleterre, ce serait à la campagne : qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, j’adore ce côté cosiness, with a nice cup of tea...


Reagrdez la bande annonce de Les Garçons et Guillaume, à table ! :

COMMENTAIRES:

17/12/2014 - deanejennings a dit :

Looks amazingly original, and unique.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Les commentaires sont modérés. Ils n'apparaitront pas sur le site tant qu'un administrateur ne les aura pas approuvés.

:

Vous pouvez recharger le captcha en cliquant dessus