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Dave Brown's cartoon
Culture

Comment les médias anglais ont parlé de Charlie Hebdo

By Marie Decreme
19/01/2015

Dès jeudi, au lendemain de l’attaque à Charlie Hebdo, le phénomène était planétaire. Des Unes toutes noires, des « Je suis Charlie », les visages de Charb, Cabu, Tignous et Wolinski en première page... L’onde de choc secoue la presse internationale. Au Royaume-Uni, la réaction est immédiate : émotion, indignation, hommages ; les journaux britanniques affichent leur soutien à la France en deuil. Puis viennent les questions, les analyses... Retour sur la façon dont la presse anglaise s’est fait l’écho des évènements de la semaine dernière.

Faire front face à la « barbarie »

Les premiers titres de la presse britannique dénoncent une « guerre » (The Times), une « attaque contre la liberté » (The Daily Telegraph et The Daily Mail). Dans la même veine, The Gardian pointe un « assaut contre la démocratie » en première page, le 8 janvier. Et la photo qui revient le plus souvent à la Une, c’est l’image terrible du policier blessé devant le siège de Charlie Hebdo. Il est au sol, lève la main en signe de reddition, et l’un des terroristes braque sa kalachnikov sur lui avant de l’achever. C’est précisément cette photo qui a choqué, en fin de semaine en France, en couverture du Point. Mais les quotidiens britanniques ont choisi de souligner la barbarie de l’attaque terroriste contre Charlie Hebdo en tant que telle.

Sortie de Charlie Hebdo à London le 16 janvier

Très largement, la presse anglaise a défendu le magazine controversé qui avait heurté nombre de musulmans en publiant des caricatures du prophète Mahomet. The Guardian a relevé que la « bande à Charlie » s’était toujours moquée christianisme, et « n’[avait] jamais vu de raison particulière de montrer plus de déférence vis-à-vis d’autres religions. » Seul le Financial Times s’est montré critique, jugeant l’attitude du journal satirique « insensée » et « stupide » ; « La France est le pays de Voltaire mais trop souvent l'irresponsabilité éditoriale a prévalu chez Charlie Hebdo » écrivait l’éditorialiste Tony Barber quelques heures après l’attentat. Les réactions acerbes des lecteurs ont amené le quotidien à remanier l’article polémique, mais le Financial Times s’est tout de même défendu qu’« une presse libre ne [servait] à rien si ses acteurs ne se [sentaient] pas libres de parler. »

Entre soutien et volonté de ne pas heurter

La dernière Une de Charlie Hebdo a montré qu’au Royaume-Uni, le débat pour savoir si les dessinateurs français sont allés trop loin n’est pas tranché. Le « numéro des survivants », sorti mercredi 14 janvier, affiche en première page une caricature du prophète Mahomet. Et les rédactions britanniques se sont trouvées tiraillées entre, d’un côté, l’envie de soutenir une équipe décimée et de promouvoir la liberté d’expression et, de l’autre autre, la volonté de ne pas blesser la communauté musulmane. Certains journaux, comme leFinancial Times ou encore The Independent ont choisi de partager sans filtre la publication.

D’autres se sont montrés plus frileux, à l’image du Guardian, qui dévoile la couverture de Charlie Hebdo en taille réduite, en bas de page, après un message d’avertissement pour ses lecteurs : « Attention, cet article contient l’image de la couverture du magazine que certains pourront trouver offensante. » Et puis, enfin, des médias tels que la BBC, The Daily Telegraph ou encore The Daily Mail ont opté pour des dessins floutés ou des photos recadrées des caricatures de Charlie, pour ne pas heurter la sensibilité de la communauté musulmane en affichant des images de Mahomet.

De nombreux quotidiens ont préféré confier leurs Unes des derniers jours à des dessinateurs ; une certaine manière de montrer que ce genre très particulier et fondateur du journalisme peut et doit se relever immédiatement. Certains dessins feront date d’ailleurs, comme ce grand doigt d’honneur armé d’une plume que Dave Brown a brossé pour The Independent.

Quelles retombées des attentats ?

Au delà de l’émotion, les journaux de ce week-end avançaient déjà sur les causes des attaques de Paris, les failles en matière de sécurité particulièrement. La BBC interrogeait sur son site, le 10 janvier ; « Attaque de Charlie Hebdo. Un échec des services de renseignements français ? », avant d’ajouter ; « les suspects étaient non seulement connus des autorités françaises, mais aussi des services européens et américains. » Les médias anglais analysent, et appuient là où ça fait mal.

La Une de The Economist, le 10 janvier

Comme en France, les journaux crient leur peur de l’amalgame et souhaitent que la réponse aux attaques islamistes soit mesurée. The Daily Telegraph évoque les risques des retombées des évènements, citant, dans ce contexte, le roman de Michel Houellebecq dans lequel l’auteur français imagine un président musulman qui introduirait la charia en France. « Une telle paranoïa peut facilement être attisée par les meurtres de Paris. Il faut y résister, sinon les terroristes auront vraiment gagné, » pouvait-on lire dans le quotidien.

En toile de fond, la couverture des attentats par les médias anglais a été vivement marquée par le débat sur les limites de la liberté d’expression. A ce propos, le dessinateur Martin Rowson décrivait, sur Channel 4, les caricatures de Charlie Hebdo comme étant « issues d’une tradition totalement différente de la nôtre » ; il y a en effet d’un côté, le modèle républicain à la française, et de l’autre, le multiculturalisme anglo-saxon. Si David Cameron réaffirmait dernièrement son attachement à la liberté d’expression, on craint ici d’offenser la sensibilité de la communauté musulmane en publiant les dessins de Charlie. Au Royaume-Uni, pays de la religion d’Etat anglicane, où le port de la burqa est respecté au nom de la diversité culturelle, tout ne se dit pas.

COMMENTAIRES:

10/01/2016 - Deanejay a dit :

True, but their first reports and editorial was very ambivilent about supporting CH's actions in publishing the cartoons in the first place. It was a muted and fearful support at best. The Guardian was somewhat critical of CH in its editorial in those early days.

20/01/2015 - hs.martin a dit :

The Guardian was not so timid. It published some of the cartoons. It organised an immediate public debate on the whole issue and the panel included the former editor of Le Monde. It published a couple of hard hitting cartoons. And it donated 100,000 pounds to help Charle Hebdo publish its next edition. It has recently been running a very brave campaign based round the Snowden revelations, which it publshed in the face of threats to close the paper down and imprison ts editor. It would be hard to make a case against it, of all papers, of not supporting freedom of speech, information and civil liberties in general.

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