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The Innocents
Culture

"Les Innocentes", le couvent touché par la tragédie de la guerre

By Manon Variol
26/10/2016

Certaines conséquences de la guerre ont été passées sous silence. Les Innocentes est le récit de l’unes d’elles. Avec son dernier film, Anne Fontaine nous plonge dans un couvent polonais après la guerre, dont les habitantes tentent de se remettre de la violence qu’elles viennent de subir. En salles le 11 novembre 2016 au Royaume-Uni.

Imaginez la froide Pologne de l’hiver 1945. Le guerre est terminée mais le traumatisme est toujours bien présent. Mathilde Beaulieu est un médecin de la Croix Rouge, venue soigner les ressortissants français blessés au combat. Un jour, elle se voit contrainte de mettre à la porte une jeune sœur bénédictine venue implorer son aide. “On accepte seulement des Français, ici.” Mais lorsqu’elle la voit prier dans la neige, Mathilde change d’avis. Elle suit alors la jeune femme à travers la campagne polonaise jusqu’au couvent où vivent recluses 25 nonnes. Le médecin découvre alors une scène inouïe : les religieuses ont été violées par des soldats soviétiques et 7 sont enceintes, sur le point d’accoucher.

Personne ne doit découvrir le secret des sœurs bénédictines
Personne ne doit découvrir le secret des sœurs bénédictines

Le secret doit rester total. Hors de question que les familles des religieuses ou les villageois apprennent ce qui s’est passé. La mère abbesse a peur que l’humiliation ne s’abatte sur le couvent. La tension est palpable entre les sœurs qui acceptent leur sort et souhaitent élever leur enfant et les autres qui ne peuvent le tolérer. L’une d’elle va même faire un déni de grossesse.

Un récit ahurissant. Il est pourtant inspiré d’une histoire vraie. La réalisatrice Anne Fontaine (Coco Avant Chanel, Gemma Bovery) s’est procuré le journal intime de Madeleine Pauliac, médecin qui a réellement vécu ce combat entre la foi et la perte d’espoir. 

Comment se relever lorsque l’on a vécu un drame qui bafoue nos principes ? Ces sœurs, qui ont fait vœu de chasteté, vont-elles arriver à garder la foi malgré la tragédie ?

Pour respecter au maximum l’esprit de la vie au couvent, Anne Fontaine a fait deux retraites chez des bénédictines et a été conseillée par une mère abbesse et Jean-Pierre Longeat, président de la Conférence des religieux et religieuses de France. Le film, tourné dans un monastère désaffecté en Pologne, a d’ailleurs été très bien accueilli au Vatican.

Lou de Laâge dans le rôle de Mathilde Beaulieu
Lou de Laâge dans le rôle de Mathilde Beaulieu

Pour son premier grand rôle d’adulte, Lou de Laâge sait convaincre le public, dans la peau d’un médecin déchirée entre le secret professionnel et l’envie d’aider son prochain. L’actrice a suivi une formation accélérée auprès de sages femmes et de chirurgiens avant le tournage afin que ses gestes soient les plus précis possibles. Pleine de douceur, elle laisse toutefois deviner le caractère solide de son personnage, qui doit faire face aux ravages de la guerre malgré son jeune âge.

La lumière dirigée par Caroline Champetier donne aux scènes du film des airs de tableaux de maîtres : le sobre arrière-plan met en valeur le visage pâle et angélique des sœurs bénédictines. A l’écran, très peu de couleurs vives, comme pour souligner la gravité de la situation, au point de devenir parfois oppressante. Le film n'est accompagné d'aucune musique, excepté les chants des nonnes et le piano de leur salle de repos.

Ce chef d’œuvre d’Anne Fontaine lève le voile sur le sort des religieuses pendant la Seconde Guerre mondiale et leur questionnement face à leur sentiment d’abandon. Un drame qui laisse toutefois germer l’espoir de jours meilleurs pour ces bénédictines qui trouvent du soutien là où elle ne l’attendaient pas.

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