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Culture

Finalement, mieux vaut être un « con » qu'un « schmuck »

By Matthieu Boisseau
09/09/2010

Lorsque nous avons appris que Jay Roach allait proposer un remake du Dîner de Cons de Francis Veber, franceinlondon.com s'est immédiatement intéressé à ce projet risqué, mais audacieux. Allait-il réussir là où de nombreuses adaptations de film français ont échoué ? C'est avec une attention toute particulière que nous avons assisté à la projection de cette version hollywoodienne de la comédie vainqueur de deux Césars en 1999.

Tim (Paul Rudd), un homme auquel presque tout sourit, doit convaincre sa hiérarchie de lui accorder la promotion qu'il mérite. Pour cela, il doit trouver l’invité idéal au dîner annuel organisé par son patron. Cet événement sacrera en effet celui qui présentera le plus excentrique bouffon à son hôte. Il sera désigné comme le grand gagnant de la soirée. C’est alors que Tim croise la route de Barry (Steve Carell), un petit bureaucrate déjanté et passionné de taxidermie, qui réalise des reproductions d'œuvres d’art avec des souris. Cette rencontre va être le début d'une série de péripéties, amenant nos deux protagonistes à reconquérir conjointement le coeurs de leurs ex-femmes, ou à décrocher un juteux contrat avec un milliardaire suisse...

Lorsqu'il a entrepris le remake d'un film aussi savamment ficelé que le Dîner de Cons, Jay Roach s'est probablement confronté à un dilemme cornélien. Devait-il copier à la lettre ce qui avait fait le succès de l'œuvre de Veber ? Ou fallait-il reconstruire un scénario autour de nouvelles scènes comiques ? Incontestablement, le réalisateur américain n'a pas voulu, pas pu, ou pas su se décider. Dinner for schmucks alterne en effet constamment entre la réutilisation des gags français, et la prise de distance par rapport au scénario de Francis Veber. A titre d'exemple, on peut évoquer la brutale mutation du personnage joué par Daniel Prévost dans la version française, et incarné ici par Zach Galifianakis. Elle illustre parfaitement ce permanent va-et-vient entre l'original et la nouveauté. En effet, si Therman a exactement le même rire étouffé que son homologue français Lucien Cheval, cet étrange contrôleur fiscal américain dispose en plus de facultés -ou du moins le croit-il – de mentaliste. Cette caractéristique, impensable dans la comédie de Weber, s'inscrit plus largement dans un projet de complexification du scnéraio.

Cela pourrait s'apparenter à un calcul extrêmement rationnel que de se servir des gags français existants, dont le succès n'a jamais été démenti depuis 1998, tout en rebâtissant une histoire plus dynamique, plus « hollywoodienne ». Malheureusement, la réutilisation des scènes comiques françaises manque constamment de fluidité. Deux exemples viennent corroborer cette idée. Premièrement, la rencontre entre les deux protagonistes au début du film, est trop prévisible. La scène où Tim renverse Barry alors qu'il téléphone au volant n'a pas l'incongruité de la rencontre dans le train du duo Villeret-Lhermitte. Egalement, l'incorporation à l'histoire de la conquête d'un soir de Tim, la nymphomane Darla, est assez maladroite. Steve Carrelle intercepte en effet un de ses mails torrides, alors qu'elle n'a pas vu le personnage de Paul Rudd depuis plus de trois ans. Ces scènes tirées par les cheveux ne choqueront pas les spectateurs n'ayant pas vu Le dîner de cons, mais elles deviennent vite insupportables en les comparant aux truculents artifices de Veber.

En fait, en s'écartant du film français, le réalisateur d'Austin Powers ou de Mon beau-père et moi a surtout perdu l'idée essentielle de l'oeuvre originelle. Celle-ci était, rappelons-le, une pièce de théâtre à succès. Ce qui structurait le Dîner de Cons, le duo Villeret-Lhermitte était d'autant plus indestructible qu'il existait une certaine «unité de lieu ». En effet, toute l'intrigue se déroulait dans le seul salon du « méchant Brochant », créant une réelle proximité entre les deux personnages. Ce n'est pas du tout le cas dans cette version hollywoodienne, dont les scènes se déroulent aussi bien dans un restaurant chic que dans une buccolique fermette.

Dans le même temps, alors que le film de Veber se déroulait sur quelques heures seulement, la version américaine s'étend sur au moins 2 jours, et ne bénéficie donc pas du rythme effréné de sa glorieuse aînée française. Enfin, la prolifération des intrigues annexes relègue au second plan les catastrophiques initiatives du « con » pour aider son nouvel ami, qui constituaient l'essence comique du film de Veber. On regrette donc le rôle plus important conféré à de nouveaux personnages. Par exemple, l'excentrique artiste joué par Jermain Clement ne parvient pas à faire oublier la finesse du mythique Juste Leblanc.

 

Le film perd donc la théâtralité de son prédécesseur, cette formidable simplicité qui nous a tant fait rire. On a la désagréable impression que Jay Roach a voulu conférer une dimension supplémentaire à un scénario qui n'en avait pas besoin. Etait-ce un impératif hollywoodien ? Avait-il peur que la version française soit jugée ennuyeuse par un public américain ?


Ces questions ont sans aucun doute tourmenté le réalisateur américain. Il a de ce fait tenter de donner du dynamisme à l'œuvre de Veber, mais finalement en a perdu le fil. Pour preuve, on peur citer la scène du banquet final. Alors qu'il est brièvement abordé dans le film français, il consiste en une démonstration assez « hollywoodienne », et surtout redondante, des pouvoirs para-normaux des invités, sans qu'on n'en saisisse ni la pertinence, ni le caractère comique. Pourquoi cette soudaine succession d'évènements plus improbables les uns que les autres ? Dans cette fin de film, l'humour proposée n'est pas subtil, il est plutôt grotesque. De même, les allusions explicites au sexe, de la maîtresse sado-masochiste à l'artiste fétichiste, ne font qu'ajouter de l'incompréhension à la perception que l'on peut avoir de cette adaptation. C'est donc davantage dans le registre de la farce que vient se perdre un Dinner for Schmucks qui manque tout simplement d'authenticité.

Dernier motif de déception : la morale de cette version américaine. Elle est sensiblement détournée de son origine française, en concluant implicitement d'un très consensuel « ne soit pas méprisant ». La version française savait se montrer beaucoup plus incisive, dans la mesure où le spectateur lui-même se surprenait à penser que « le plus con n'est pas toujours celui qu'on croît ».

Seul le casting donne à ce film une certaine consistance. Les acteurs, pour la plupart habitués des comédies, donnent leur pleine mesure dans des rôles finalement trop étroits pour leur talent. Bien entendu, Steve Carell incarne parfaitement le taxidermiste simplet Barry, et ses mimiques sont absolument réjouissantes. On ajoutera qu'une mention spéciale peut être décernée au couple Paul Rudd - Stéphanie Szostak, pour la justesse de leur interprétation, apportant une pincée d'émotion dans un film qui sombre parfois dans le grand n'importe quoi.

COMMENTAIRES:

10/02/2014 - writers_reign a dit :

The only surprise here is that anyone IS actually surprised that Hollyood is congenitally incapable of remaking French films so much so that if they somehow contrive to capture five per cent of the original we must view it as a triumph. In the case of Veber, who is, to all intents and purposes, the French Billy Wilder even the great Wilder himself fell at the first hurdle when attempting to Hollywoodise Veber's 'L'Emmerdeur' even with the benefit of the to-die-for casting of Walter Mattheau and Jack Lemmon. Sadly, this was Wilder's last bite at the cherry so that his swansong was a debacle. On the other hand it was nothing new and we have long been disillusioned by puerile attempts such as The Long Night, a risible would-be replication of the great Le Jour se leve, with Henry Fonda about as far from Jean Gabin as it's possible to get. Occasionally, of course, Hollywood prevails upon the orginal French filmmaker to repeat (on paper at least) his own success and this is almost always folly, witness Julien Duvivier's tepid remake of his masterpiece Un Carnet de bal as Lydia, and though he is not necessarily to blame for the constraints imposed upon him by the Producer he can be faulted by agreeing to take part in a travesty. Veber himself fell into a similar trap when he signed on to remake his own Les Fugitifs of which the less said the better. In sum: It's classically simple; if it ain't broke don't fix it.

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