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Sarkozy and Cameron
Politique/Economie

Entente Cordiale : Episode 2

By Matthieu Boisseau
02/11/2010

N'en déplaise aux nostalgiques des joutes Napoléo-Nelsoniennes, Nicolas Sarkozy et David Cameron ont paraphé un partenariat historique en matière de Défense. Celui-ci prévoit un approfondissement de la coopération militaire entre les deux pays ainsi qu'une mutualisation des laboratoires nucléaires.


Inévitablement, compte tenu de l'histoire tumultueuse des deux pays – et de leur volonté farouche de conserver leur "souveraineté nationale" - ce partenariat d'une ampleur sans précédent n'a pas manqué de susciter inquiétudes, critiques et questions...auxquelles Franceinlondon s'est empressé de répondre.

 

Le traité en 3 points :

 

  1. La création d'une "force expéditionnaire conjointe"

Probablement le point-clé du traité, la création de cette force permettra de disposer de troupes mobilisables lors de missions humanitaires et d'opérations de combats. Les deux pays fourniront un total de 6500 hommes issus des régiments de parachutistes, de la marine de guerre et des forces spéciales. Le commandement étant mutualisé, des soldats anglais pourront être dirigés par des officiers français (et vice-versa). Une question d'importance persiste néanmoins : comment résoudre la barrière de la langue ? Difficile en effet d'imaginer l'armée anglaise organiser des cours de français...

  1. La mise en commun des porte-avions

Un avion britannique sur le Charles de Gaulle ? L'idée peut vous sembler loufoque, et pourtant, dès 2020, les Joint Strike Fighters de sa Majesté pourront se poser sur le porte-avions français, et réciproquement. Cela permettra notamment un élargissement du rayon d'action de l'aviation des deux pays. Enfin, en théorie : David Cameron a-t-il été informé de toutes les avaries qu'a connu le porte-avions français ?

France's Charles de Gaulle aircraft carrier

Le porte-avions Français Charles de Gaulle, "roi de la cale sèche"
 
  1. La coopération nucléaire

Le laboratoire britannique d'Aldermaston, et son équivalent français de Valduc vont mettre en place un programme d'échanges de connaissances, et donc partager quelques uns des fameux “secrets nucléaires”. De même, les essais vont être mutualisés : le fonctionnement de chaque arsenal atomique des deux pays sera simulé dans un même laboratoire implanté près de Dijon, en Bourgogne.

 

Pourquoi un tel accord ?

 

La France et l'Angleterre tentent de conserver tant bien que mal leur place sur l'échiquier mondial. Pour ce faire, les deux nations se doivent de posséder une puissance nucléaire suffisamment « dissuasive », alors que la menace terroriste se fait de plus en plus pressante. Malheureusement, les deux pays n'ont pas les moyens financiers de leurs ambitions géopolitiques. Ils se doivent en effet de réduire leurs budgets – et notamment ceux de la défense – afin de combler de colossaux déficits hérités notamment de la crise financière. David Cameron a annoncé la semaine passée une réduction drastique des dépenses publiques. Le traité s'inscrit donc dans cette optique de rationalisation des dépenses, dans la mesure où il permettra d'économiser 750 millions de livres sur quatre ans au gouvernement britannique en diminuant le nombre d'essais nucléaires.

 

Cette coopération est-elle novatrice ?

 

Oui et non. Car la France et l'Angleterre n'ont pas toujours été ennemies . N'oublions pas que dès 1830, le terme d'« Entente Cordiale » avait été créé par l'homme politique français François Guizot pour qualifier la volonté mutuelle d'apaiser les différends entre les deux nations. Ce concept servira de fer de lance à la Triple Entente de 1904 avec les Russes. Enfin, à la fin des années 1990, le couple franco-britannique a de nouveau collaboré lors d'opérations militaires menées dans les Balkans. Néanmoins, c'est la première fois que la coopération atteint à tel niveau, notamment dans le domaine nucléaire.

Carte postale commémorative de l’Entente cordiale, 1908


 

Et la souveraineté nationale ?

 

Que les plus patriotes d'entre vous se rassurent : l'armée française ne tombera pas aux mains de la « Perfide Albion » et les troupes anglaises ne seront pas contrôlées par ces frenchies « poltrons » (dixit le Sun) qui ont « pactisé avec Hitler » (selon le Daily Mail).

En fait, cette mutualisation des forces militaires - aussi partielle soit-elle – inquiète car ses opposants qui y voient une renonciation des pays à assurer leur propre sécurité. C'est notamment ce qui a pour le moment conduit les Britanniques à refuser l'idée d'une armée européenne...pour le plus grand bonheur des Américains.

Le gouvernements anglais s'est empressé d'assurer, par la voix de son secrétaire d'Etat à la Défense Liam Fox, « que rien dans le traité n'empêchait les deux Etats d'agir en faveur de leur propre intérêt ». Hervé Morin, ministre de la défense, a quant à lui confirmé que chaque pays aurait la possibilité d'opposer un veto lors de chacune des opérations. L'armée britannique n'est donc pas aux ordres de la France, comme la pourtant titré  Le Daily Express ce matin.

 


Ce traité pose donc les fondations d'une coopération solide, et que l'on espère efficace, mais qui permettra à chaque pays de conserver sa souveraineté. Très concrètement, la France n'aurait pas été obligée d'intervenir en Irak en dépit de ce traité. Tout le monde est content...pour l'instant.

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