Julie Gayet

Comment ça les Français ne s'intéressent pas à la vie privé de leur président?

By Adrienne Benassy
30/01/2014

Le jour où le tabloïd « Closer » a révélé au  yeux du monde l’amour secret du Président avec la très belle Julie Gayet, chacun d’entre nous s’est exclamé (ou du moins secrètement pour les plus polis) : comment est-ce possible que LUI (Président dont le sex appeal n’est certainement pas son principal atout) couche avec une actrice aussi magnifique ? 

Julie Gayet

La rumeur se répand alors comme l’éclair et le monde entier se demande : Qui est-elle ? Comment se sont-ils rencontrés ? Mais toutes ces questions sont restées sans réponse.

L’activité nocturne pour le moins épicée de notre Président était déjà surprenante, et c’est un euphémisme, mais le silence des médias français sur la question laissa les Britanniques pantois. Tandis qu’on hurlait au scandale à Londres, à Paris, les journaux les plus sérieux vantaient leur discrétion et pointaient du doigt l’obscénité du scoop en première page. 

Closer Revelations

Pour les Anglais, le ridicule a atteint des sommets lors de la conférence de presse de François Hollande le 14 janvier, qui, à aucun moment, n’a évoqué le sujet alors que toute la presse britannique était avide de détails croustillants. Mais ces derniers ont été d’autant plus surpris par le silence des journalistes français, qui sembleraient préférer l’austérité des réformes économiques aux imbroglios amoureux de l’Elysée. Les Rost-Beef et les Frogs ne sont définitivement pas sur la même longueur d’onde. 

F. Hollande's Press Conference

Une des critiques les plus incivives nous vient du Telegraph avec un article sarcastique intitulé « François Hollande : avec tout mon respect, il y avait un éléphant dans la salle ». Le journaliste, Michael Deacon donne le ton dès l’introduction: « Si François Hollande traite ses femmes comme il traite ses conférences de presse, je suis assez désolé pour elles ».

Après avoir tergiversé sur l’ennui et la lâcheté des Français, il renchérit et conclut ironiquement : « Bon, les Anglais en tireront avec une belle leçon. Pour des siècles, nous nous sommes moqués des Français et les avons dépeint comme des fous du sexe. Mais en réalité, ces abstinents sont si peu intéressés par le sexe que quand leur propre chef d’Etat se fait prendre la main dans le sac avec un des scandales les plus juteux depuis Clinton-Lewinsky, ils veulent juste poser des questions sur la sécurité sociale. »

En est-il vraiment ainsi ? L’austérité leur procure-t-elle plus de plaisirs que les télénovelas d’Etat ? En théorie, oui.

Demandez à n’importe quel citoyen de classe moyenne ce qu’il en pense, et il pourrait vous répondre une phrase du type : « Nous ne sommes pas comme les Anglais (ou pire, comme les Américains, selon la hiérarchie anti-Anglo-saxonne), personne ne s’intéresse à ces ragots. Et tromper n’est pas si grave après tout (les femmes seront surement plus modérées sur ce point), les Anglais sont tellement puritains ».

Difficile à croire, mais cette déclaration fictive est corroborée par les sondages, qui montrent que 77% des Français considèrent que l’affaire Hollande-Gayet est d’ordre privée. De plus, la plupart des journalistes accusent la presse à scandale de dévier l’attention du public des vrais problèmes du pays, tels que le chômage ou le désordre de nos finances publiques. 

La séparation entre la vie privée et publique nous vient de la tradition des deux corps du roi. Le représentant de l’Etat dispose d’un corps mortel, qui correspond à son existence physique et d’un corps immortel, qui renvoie à l’institution qu’il incarne.

Pour les Français, tant que le Président fait son travail, il n’y aucune raison de se mêler de ses frasques personnelles. C’est d’ailleurs assez naturellement que le pays acceptait la réputation de Jacques Chirac de « 15 minutes avec douche ». En un mot, les conventions maritales sont superflues tant si le futur de la France n’est pas en danger. 

Jacques Chirac

Si la vie privée des monarques britanniques est encore respectée – comme le suggère  le scandale autour des photos de Kate Middleton en maillot de bain – les politiciens britanniques n’auraient pas tenu une seconde à la place de François Hollande. Mais une question demeure : les Français sont-ils vraiment à l’image de leurs valeurs? L’économie française est-elle vraiment leur principal centre d’intérêt ? 

Montebourg - Industry Minister - Posing in the name of "Made in France"

En théorie, les draps sales de François Hollande sont trop vulgaires à leur goût, mais dans la pratique, l’hypocrisie est à son comble.

Les trois quarts des Français s’accordent peut-être à dédaigner l’affaire, mais ils ont pour la plupart acheté les magazines qui mettaient la vie amoureuse de l’Elysée à l’honneur. Ils voulaient tous en savoir plus sur cette actrice, qui auparavant très discrète, a soudainement fait la une des journaux. 

Julie Gayet on the Elle cover

Donc, si vous ne le saviez toujours pas, cette sublime actrice a gagné plusieurs prix d’interprétation dont le Prix Romy Schneider en 1997 pour son rôle dans Sélect-Hotel de Laurent Bouhnik, mais est également une productrice de renom. Née à Paris, elle a commencé sa carrière en tant que chanteuse lyrique et a notamment joué dans des films d’art et d’essais pour Agnès Varda ou Eli Chouraqui. Fille d’un chirurgien proche de Bernard Kouchner, Julie Gayet n’a jamais caché son engagement à gauche et milite en parallèle de son métier d’actrice. D’abord mariée au réalisateur argentin, Santiago Amigorena, elle a deux enfants Tadéo et Ezéchiel.

Au-delà de cette affaire, les Français se demandent ce qu’il va advenir de Valérie Trierweiler. Le samedi 25 janvier, le Président a officialisé sa séparation, déclaration critiquée pour son manque « d’élégance et d’humanité ». Cet événement a donné un coup de pouce à la popularité de l’ancienne première dame et a eu un impact négatif sur la perception de François Hollande. 

Valérie Trierweiler

Les Français prétendent peut-être qu’ils s’en moquent, mais ce n’est pas tout à fait le cas. Les scrupules déontologiques nourrissent les réactions de la presse, mais les journalistes ne souhaitent pas non plus s’immiscer dans les couloirs du pouvoir et voir leur presse à scandale prendre une ampleur similaire à celle des Britanniques. C’est du moins ce qu’ils affirment.