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Politique/Economie

Brexit ou pas Brexit : l'union fait la force

By Quick Martin
09/03/2016

La question posée est simple, mais la réponse à y apporter suscite les débats les plus animés du monde politique britannique actuel. Le référendum de juin sur le départ éventuel du Royaume-Uni de l'Union Européenne est d'importance capitale, car son résultat reflètera l'adhésion populaire aux valeurs du pays, voire même du continent tout entier. Le débat actuel est donc potentiellement le plus important de cette décennie, mais les politiques partisanes risquent de mettre en péril la validité du résultat. 

Europhiles, europhobes et indécis

Au cours des trois prochains mois, deux campagnes politiques vont s'opposer au Royaume-Uni pour tenter de convaincre les électeurs de leur point de vue sur l'Union Européenne. Quelle option mènera le pays vers l'avenir le plus prometteur : rester dans l'UE ou la quitter ? Il est fort probable que l'attente du résultat du référendum nous tienne en haleine jusqu'au dernier moment, étant donné que l'électorat se divise en trois catégories de tailles pour le moment relativement comparables : les europhiles, les europhobes et les indécis. Pour sortir victorieux, l'un des deux premiers groupes devra convaincre un maximum d'électeurs de la troisième catégorie. Mais une campagne - qu'elle pousse à rester dans l'UE ou à en sortir - ne pourra être convaincante que si ses partisans font preuve d'unité. En effet, aucun électeur indécis ne pourra choisir son camp si même les personnes qui mènent la campagne ne parviennent pas à tomber d'accord entre elles. 

Le camp du "Out" - Boris Johnson versus Nigel Farage

Nigel Farage & Boris Johnson
Nigel Farage & Boris Johnson

C'est malheureusement le cas du camp du "Out". La campagne défendant une sortie de l'UE a en effet été fragilisée de l'intérieur : les eurosceptiques semblent en désaccord sur de nombreux points et ne parviennent pas à faire émerger un leader - que ce soit une voix modérée ou celle plus radicale du célèbre Nigel Farage, qui risque de faire fuir plus d'un eurosceptique hésitant. La vulnérabilité de la campagne du "Out" pourrait bien profiter aux défenseurs du "In". 

Le camp du "In" : on vote pour ? oui. Donc on soutient Cameron ? ah non !

Bien qu'il ait pour le moment fait preuve d'une certaine unité, le camp du "In" n'est pas à l'abri des rivalités partisanes, qui pourraient bien diviser aussi les europhiles. Les députés du Labour Party, du Scottish National party (SNP), des Verts et des Libéraux-Démocrates ont tous - hormis un nombre insignifiant de réfractaires - exprimé leur soutien au maintien du Royaume-Uni dans l'Union Européenne. Mais ils doivent répondre à une question de taille : faut-il alors soutenir le Premier Ministre David Cameron ?

Pour la première fois depuis des mois, ce dernier a été en mesure de "recommander" à son électorat de voter pour rester dans une Union Européenne réformée. Auparavant, Cameron avait une marge de main d'œuvre réduite du fait d'une division au sein du parti Conservateur entre les europhiles et les europhobes, qui exerçaient sur lui une pression, venant à la fois de gauche et de droite. Cameron est désormais considéré comme un fervent europhile. Sa prise de position dans le débat a finalement dissuadé les partis europhiles de collaborer dans la campagne pro-UE. En effet, ces partis, nourris du mécontentement populaire contre la politique de Westminster et du gouvernement actuel, veulent à tout prix éviter d'être associés au Premier Ministre. Et ces partis sont particulièrement puissants au Parlement aujourd'hui. Par exemple, le SNP détient 56 sièges et bénéficie du soutien de plusieurs centaines de milliers d'électeurs écossais mécontents, qui s'opposent à "l'élite" politique britannique - c'est-à-dire les principaux partis réprésentés à Westminster. Le Labour Party de Corbyn, bien que très divisé, détient 231 sièges au Parlement et a bénéficié d'un élan de soutien insufflé par l'attrait de son leader populiste et anti-gouvernemental. 

Le SNP et le Labour Party rejettent l'autorité de David Cameron

Les leaders des deux partis ont affirmé leur autonomie par rapport à David Cameron, malgré leurs points de vue similaires sur l'UE : la Présidente du SNP Nicola Sturgeon, tout comme les principales figures du Labour Party, a déclaré qu'elle ne ferait pas campagne au côté du Premier Ministre. Jeremy Corbyn a par exemple expliqué son désaccord avec les termes du contrat passé entre Cameron et les dirigeants européens à Bruxelles, et la Secrétaire d'État des Affaires étrangères du cabinet fantôme Hilary Benn a affirmé que le Labour Party défendrait "[ses] propres opinions à [sa] façon". 

Si le SNP n'a jamais espéré s'allier à David Cameron sur le moindre sujet, les réticences du Labour Parti à soutenir le Premier Ministre sont le résultat des défaillances passées. Le parti a en effet profondément souffert en 2014, lors du référendum écossais, au cours duquel il s'était allié avec le Parti Conservateur pour défendre le maintien de l'Ecosse au Royaume-Uni. Bien que ce soit ce camp qui ait finalement remporté le référendum, le Labour Parti a perdu en crédibilité auprès de ses électeurs du fait de son alliance avec les conservateurs, ce qui a eu pour effet, quelques mois plus tard, de lui faire perdre 40 des 41 sièges écossais qu'il occupait au Parlement. 

Pour gagner, une seule clef : l'unité

Aujourd'hui, le Labour Party se retrouve une nouvelle fois face à un dilemme, et sa décision sera forcément influencée par ses résultats désastreux aux élections de l'année dernière. En effet, le fait de s'allier ou non à d'autres entités politiques dans la campagne pour le "In" pourra, une nouvelle fois, avoir un impact sur les élections futures, et notamment celles de 2020. 

Mais le Labour Party doit-il viser aussi loin que 2020 ? Le référendum approche à grands pas, et il est maintenant urgent d'apporter une réponse claire à la question posée. S'il veut remporter l'adhésion d'un maximum d'europhiles, le Labour Party va donc devoir abandonner les calculs politiques de long-terme. 

La temptation de glisser vers des rivalités partisanes est forte, mais elle pourrait mener le camp du "In" à sa perte. David Cameron et le Labour Party vont rapidement s'en rendre compte : la bataille pour rester dans l'Union Européenne va être difficile à gagner, mais très facile à perdre. 

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